Les Comores : Un archipel forgé par le feu et sculpté par le temps

Par un vol rasant au-dessus de l’océan Indien, les îles comoriennes surgissent telles des sentinelles de basalte, émergeant des flots comme pour rappeler que la Terre, ici, est encore vivante. Elles n’ont ni la démesure des continents ni le vernis des paradis balnéaires standardisés — elles sont plus anciennes, plus brutes, plus vraies.

Au carrefour de l’Afrique de l’Est et de Madagascar, l’Union des Comores est un archipel volcanique composé de trois îles principales : Grande Comore (Ngazidja), Anjouan (Nzwani), et Mohéli (Mwali) — auxquelles s’ajoute Mayotte (Maore), administrée par la France mais revendiquée par Moroni. Ensemble, elles forment une chaîne insulaire orientée du nord-ouest au sud-est, s’étendant sur environ 250 kilomètres, posée comme un collier entre le canal du Mozambique et le nord du canal de Madagascar.

Vue d'une ville côtière vue à travers un trou dans un mur, avec un phare blanc au centre. La lumière du soleil se reflète sur la mer en arrière-plan.

Un archipel né du feu


L’origine des Comores est entièrement volcanique. L’archipel est le fruit de plusieurs éruptions s’étalant sur des millions d’années, liées à un point chaud tectonique sous l’océan Indien. À l’instar des îles hawaïennes, chaque île correspond à une phase d’évolution géologique différente.

Grande Comore, la plus jeune, est aussi la plus volcanique. Son relief est dominé par le majestueux mont Karthala, l’un des volcans actifs les plus imposants du monde. Sa dernière grande éruption date de 2007. Le sol y est basaltique, fertile, mais instable.

Anjouan, plus ancienne, présente un relief très accidenté, marqué par des pentes abruptes, des vallées profondes et une végétation luxuriante. Elle est surnommée "l’île de l’éternel printemps" pour ses cours d’eau et ses forêts.

Mohéli, la plus petite, est aussi la plus plate, mais abrite des baies naturelles protégées, des récifs coralliens, et des mangroves qui en font une pépite écologique.

Cracher de volcans avec lave solidifiée et fissures, sommet enneigé au fond

Climat tropical, contrastes marqués

Les Comores bénéficient d’un climat tropical maritime, rythmé par deux saisons : la saison chaude et humide, de novembre à avril, dominée par les alizés du nord-ouest ; et la saison sèche, plus fraîche, de mai à octobre. Les températures moyennes oscillent entre 24°C et 30°C, avec des précipitations abondantes, surtout sur les reliefs.

Mais ces conditions peuvent se déchaîner : cyclones, glissements de terrain, inondations… Le relief escarpé et la déforestation aggravent la vulnérabilité de certaines zones, notamment sur Anjouan.

Entre terre et mer : une géographie stratégique

Situées à la croisée des routes maritimes entre l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient, les Comores occupent une position géopolitique singulière. L’économie dépend fortement de la mer — pêche artisanale, transport maritime, et maintenant, ambitions de zone économique exclusive.

Le territoire terrestre des Comores est modeste (environ 2 235 km² au total), mais leur zone maritime est immense : plus de 160 000 km² d’eaux territoriales, recelant des ressources halieutiques, voire potentiellement pétrolières. Cette dimension insulaire conditionne tout : l’accès à l’eau douce, la sécurité alimentaire, les échanges et l’aménagement du territoire.

Une terre morcelée, une nation en quête d’unité

L’insularité géographique reflète aussi la complexité politique. Chaque île a ses spécificités, ses dialectes du shikomori, ses identités culturelles. Le relief et l’isolement ont contribué à forger des identités régionales fortes, parfois rivales. D’où les tensions institutionnelles persistantes, et les défis d’une gouvernance équilibrée entre Moroni, Fomboni et Mutsamudu.

Le relief comme matrice de destin

Aux Comores, la géographie n’est pas un décor. Elle est une matrice — de culture, de survie, de souveraineté. Elle façonne les manières d’habiter, de cultiver, de croire, de rêver. Elle rappelle aussi, avec la majesté d’un volcan et la discrétion d’un récif, que la nature précède toujours l’histoire. Et que l’histoire humaine, ici, doit composer avec elle.