Aux confins de l’océan Indien : Le trésor naturel insoupçonné des Comores.

Par un matin clair, sur l’île de Mohéli, la lumière glisse doucement sur les flots turquoise. Au large, une tortue verte perce la surface, tandis qu’un dugong furtif s’éloigne dans les herbiers. Ici, au cœur de l’archipel comorien, la nature parle encore à voix haute – et rare est celui qui écoute.

Composé de quatre îles volcaniques — Grande Comore, Mohéli, Anjouan, et Mayotte (cette dernière administrée par la France) — l’archipel des Comores est une enclave méconnue, coincée entre la côte nord de Madagascar et le Mozambique. Mais sous son calme apparent se cache un sanctuaire écologique d’une richesse exceptionnelle, où se mêlent récifs coralliens, forêts tropicales, lacs de cratère et sommets volcaniques.

Une biodiversité insulaire unique.

  • La position géographique isolée des Comores a favorisé l’émergence d’une biodiversité endémique. Des espèces que l’on ne trouve nulle part ailleurs prospèrent ici dans une relative discrétion. Le chauve-souris de Livingstone, l’un des plus grands mégachiroptères du monde, vit exclusivement dans les forêts humides d’Anjouan et de Mohéli. L’oiseaux soleil de Grande Comore ou encore le martin-chasseur à gorge blanche sont

  • autant de joyaux ailés que les ornithologues du monde entier rêvent d’apercevoir. Dans les eaux qui bordent l’archipel, le cœlacanthe, véritable fossile vivant, continue de défier la science. Découvert au large de Grande Comore en 1952, ce poisson énigmatique, qui nage dans les profondeurs volcaniques, semble avoir traversé les âges sans changer de forme depuis plus de 65 millions d’années.

Le Parc Marin de Mohéli : pionnier de la conservation

Créé en 2001, le Parc Marin de Mohéli fut le premier du genre dans l’océan Indien occidental. Sa mission : protéger les écosystèmes marins, en collaboration étroite avec les communautés locales. Tortues vertes, baleines à bosse, dauphins et dugongs y trouvent refuge, tout comme des mangroves précieuses et des récifs coralliens florissants. Ce modèle de gestion participative a inspiré d’autres initiatives régionales.

Aujourd’hui, Mohéli est un haut lieu de l’écotourisme comorien, avec des programmes de suivi des tortues, de plongée sous-marine durable et d’éducation environnementale.

Mont Karthala : géant endormi, vigie du climat

Surplombant Grande Comore de ses 2 361 mètres, le mont Karthala est un volcan encore actif, dont la dernière éruption remonte à 2007. Sa caldeira, vaste et lunaire, attire les randonneurs aguerris. Autour de lui, les forêts de nuages abritent une végétation dense et précieuse, menacée par la déforestation.

Classées parmi les "hotspots mondiaux de biodiversité", ces forêts sont un laboratoire naturel pour les biologistes et un puits de carbone vital pour la planète.

Menaces persistantes et espoirs durables

Malgré cette richesse naturelle, les Comores font face à des défis environnementaux majeurs : déforestation, érosion des sols, surexploitation des ressources marines et changements climatiques. L’agriculture sur brûlis et la pression démographique exacerbent la fragilité de ces écosystèmes insulaires.

Mais des solutions émergent. De jeunes comoriens s’investissent dans la reforestation, des ONG locales plaident pour la gestion durable des ressources, et des partenariats internationaux soutiennent la recherche et la conservation. En 2022, les Comores ont entamé les démarches pour inscrire certains de leurs sites naturels sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Une île, un monde à part

L’archipel des Comores est bien plus qu’un simple chapelet d’îles. C’est un monde en soi, où la nature a conservé ses droits et ses secrets. À l’heure où tant d’écosystèmes sombrent dans l’oubli ou le béton, les Comores nous rappellent que préserver la nature, c’est préserver notre avenir commun. Encore faut-il, pour cela, y prêter attention.